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Conférence : Vivre dans un patrimoine naturel exceptionnel

La candidature de la Chaîne des puys Faille de Limagne et les débats des instances internationales illustrent cette ambiguïté : les critères concernent l’activité humaine (culturelle) et la dimension naturelle. Chaque site doit démontrer sa valeur universelle, garantir son intégrité et sa conservation. C’est toute la difficulté — être à la fois unique et universel — et toutes les limites de la notion de Patrimoine mondial de l’Humanité : trouver une place entre nature et culture dans un monde de plus en plus peuplé et aménagé. Les critères incitent à préciser la place essentielle des populations locales dans la gestion, la conservation et la transmission de ces espaces.

« Ce qui rend exceptionnel le concept de patrimoine mondial est son application universelle. Les sites du patrimoine mondial appartiennent à tous les peuples du monde, sans tenir compte du territoire sur lequel ils sont situés ». Pour l’Unesco en 1972, il s’agit de décliner les « 7 merveilles du monde » des grands voyageurs érudits de l’Antiquité, en qualifiant des ouvrages impressionnants par leur gigantisme ou témoignant du génie humain.

Mieux que partout, la Chaîne des puys Faille de Limagne représente un relief de rift, une déchirure dans l’écorce terrestre. Géologie, faille, plateau surélevé, relief inversé, volcanisme confortent le critère : « être des exemples éminemment représentatifs des grands stades de l'histoire de la terre (…) ayant une grande signification ». C’est aussi un paysage remarquable pour prétendre : « représenter des phénomènes naturels ou des aires d'une beauté naturelle et d'une importance esthétique exceptionnelles ». Ce point est discuté. Les instances internationales contestent qu’un site non vierge puisse revendiquer être un paysage naturel exceptionnel.

Ces paramètres illustrent une certaine philosophie des interactions entre la nature et l’homme moderne, une conception marquée par une vision occidentale naturaliste séparant l’homme de la nature.
Cette vision implique une dichotomie marquée :

  • d’une part, une protection absolue mais restreinte à des lieux exceptionnels, figeant l’espace dans un état jugé idéal et excluant souvent les populations,
  • d’autre part un laisser-faire partout ailleurs, fondé sur l’idée que la nature a été conçue pour être dominée par l’homme et satisfaire ses besoins.

La controverse repose sur les modalités de gestion qui se sont construites à contre-courant. Elles parient sur la possibilité de protéger autrement ce bien exceptionnel : avec les habitants, acteurs à part entière, et forts d’une connaissance partagée du territoire et d’un attachement à son équilibre.


Yves Michelin

Ingénieur agronome et géographe, Yves Michelin, a été pendant 12 ans chargé du développement agricole et de la gestion des paysages au Parc naturel régional des Volcans d’Auvergne. Il est professeur et directeur scientifique adjoint de VetAgro Sup, institut national d’enseignement supérieur et de recherche, issu de la fusion de l’école nationale vétérinaire de Lyon et de l’ENITA de Clermont-Ferrand. Il participe depuis 2012 à l’équipe scientifique qui instruit le dossier de candidature de la Chaîne des Puys Faille de Limagne aux côtés du Conseil départemental.

Date

Mardi 14 Février

Heure

de 18h30 à 20h30

Lieu

Chapelle des Cordeliers
9 place sugny
CLERMONT FERRAND